Forum social mondial organisé à partir de 2001 à Porto-Alegre

L’histoire du Budget participatif : Porto Alegre, l’autre capitale

L’histoire du Budget participatif : Porto Alegre, l’autre capitale

Episode 1 : "Porto-Alegre, l’anti-Davos ou la capitale d’un autre monde possible...”
Forum social mondial organisé à partir de 2001 à Porto-Alegre

Du premier Budget participatif à Porto-Alegre au Brésil en 1989, à Paris en 2014, il se sera passé 25 ans, une étape à Istanbul et une alternative à Davos.

Le Budget participatif, c’est d’abord l’histoire d’une ville : Porto-Alegre, au Brésil. C’est là-bas que cet outil concret et efficace de démocratie participative est né au début des années 1990. Depuis cette première expérience, l’innovation a essaimé : de l’Amérique latine à l’Europe, en passant par l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du nord. Aujourd’hui, on compterait autour de 2800 villes adeptes.

Olivio Dutra, le maire de Porto-Alegre à l'origine du budget participatif
Olivio Dutra, le maire de Porto-Alegre à l’origine du budget participatif

Tout démarre en 1989. Le Brésil est en pleine démocratisation quand Olivio Dutra devient maire de Porto-Alegre. Issu du Parti des Travailleurs, il fait partie de ceux qui veulent transformer la société. Durant sa campagne, il a fait la promesse aux habitants de les associer à la décision politique. C’est ainsi que naît le premier Budget participatif. “L’Orçamento participativo” va se perfectionner et s’ériger en modèle d’innovation démocratique.

De Porto-Alegre à Saint-Denis


Ses concepteurs, les maires successifs de la ville, Olivio Dutra (1989-92), Tarso Genro (1993-96 / 2001-02) et Raul Pont (1997-00) vont devenir ses meilleurs ambassadeurs. Durant les années 1990, ils promeuvent le budget participatif dans le cône sud de l’Amérique latine et au-delà, d’abord au Brésil puis en Argentine et au Chili. Ils nouent des contacts en Europe, en Espagne avec Barcelone et, en France avec Saint-Denis. Son maire, Patrick Braouezec, sera le premier à se lancer dès 2000.

Ces contacts ont été amorcés à Istanbul en 1996. Porto Alegre y a reçu le Prix ONU-Habitat pour son “Orçamento participativo”. Avec cette récompense, la ville acquiert une reconnaissance mondiale. En réalité, à l’origine, ce prix devait d’abord faire taire les critiques d’une partie des élites locales ! Dès 1999, la ville accueille sa première rencontre internationale, avec des représentants de l’ONU, de la Fédération mondiale des Cités Unies et de la Banque mondiale.

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En 1996, Porto-Alegre acquiert une reconnaissance internationale avec le prix ONU-Habitat.

Porto-Alegre, capitale d’un autre monde possible


L’histoire est en train de s’écrire. Tarso Genro prend la plume pour diffuser l’expérience de sa ville, sous le titre “Quand les habitants gèrent vraiment leur ville, le Budget participatif.” aux édition Charles-Léopold Mayer. En 2001, Porto-Alegre devient l’anti-Davos avec le premier Forum social mondial. A l’époque, c’est l’espoir d’un autre monde possible qui se rassemble à Porto-Alegre.

En France, cet enthousiasme ne se lit pas seulement dans Le Monde diplomatique d’Ignacio Ramonet, il se diffuse aussi dans la culture populaire. Exemple avec Les Poupées russes de Cédric Klapisch où Audrey Tautou raconte son voyage à Porto-Alegre et son engagement à Romain Duris. Les éditions successives du Forum Social Mondial auront un impact déterminant sur la notoriété et la diffusion du budget participatif. Jusqu’en 2004.

Une innovation capitale


En 2004, l’échec du Parti des Travailleurs aux élections municipales met un coup d’arrêt au rendez-vous. Le nouvel exécutif n’abandonnera pas le Budget participatif, mais son évolution est sujette à controverse. Le modèle original va, lui, perdurer, grâce aux experts qui l’ont étudié. Et deux en particulier, qui ont en commun d’être cosmopolites, polyglottes et, à leur manière, activistes…

Source principale : Osmany Porto de Oliveira, “La diffusion globale du budget participatif : le rôle des “ambassadeurs” de la participation et des institutions internationales”, Participations 2016/1 (N° 14), p. 91-120. DOI 10.3917/parti.014.0091