Chicago a créé le premier “participatory budgeting“ en Amérique du Nord en 2009, avant New-York, Boston, San-Francisco… La démarche comptait alors des soutiens au plus haut-niveau, à commencer par Barack Obama.
Vu d’aujourd’hui
Barack Obama
L’article “Chicago, la pionnière américaine” a été publié en janvier 2016. A l’époque, Barack Obama avait inscrit le Budget participatif dans son plan Open Government.
Depuis le locataire de la Maison Blanche a changé. Il n’est pas sûr que Donald Trump soit aussi ouvert que son prédécesseur à la participation citoyenne.
Chicago, 3ème ville des États-Unis, plus de 2,5 millions d’habitants, au sud-ouest du Lac Michigan. La ville fut longtemps l’un des laboratoires de la modernité. Elle fut aussi la ville d’Al-Capone et reste l’une des villes les plus dangereuses du pays. Frappée par la désindustrialisation, elle est toujours l’une des grandes places financières mondiales et le siège des géants Boeing ou Mac Donald’s. C’est ici qu’est né le premier budget participatif américain.
“Dans une ville dont l’histoire est marquée par la corruption et le manque de transparence, un élu redonne du sens au terme ”argent public”.”
Yes Magazine
Joe Moore, l’initiateur
En réalité, ce n’est pas Chicago dans son ensemble qui lance, en 2009, le budget participatif mais son 49ème Ward (une division comparable à un arrondissement en France et dirigée par un Alderman.) Ce Ward de 60 000 habitants, bordé par le lac Michigan, est réputé pour sa diversité – 60 langues y seraient parlées.
A sa tête, le démocrate Joe Moore y est élu sans discontinuer de 1991 à 2019. Il est connu pour être à l’origine de la “Chicago Big box ordinance”, en 2006. Elle contraint la grande distribution, à l’image de Wal-Mart , à rémunérer leurs salariés un minimum de 10 $ de l’heure “pour mettre leur famille à l’abri de la pauvreté.“
Le premier Budget participatif américain
En 2009, Joe Moore crée le premier budget participatif américain. Il décide de consacrer la totalité de son budget d’Alderman au “participatory budgeting”, soit plus d’un million de dollars.
Dans une tribune publiée dans le Chicago Times, il explique vouloir en finir avec les décisions prises “derrière des portes closes” et en appelle à un modèle de gouvernance qui donne davantage de pouvoir aux citoyens.
“Participatory budgeting”
Aux citoyens, le discours tenu a le mérite de la clarté : “Real decisions about real money !” (De l’argent pour vos décisions !). Il convainc plus de 1600 habitants à voter. Le “participatory budgeting” de Joe Moore s’inspire directement de l’expérience de Porto-Algre. Il est initié au plus près des habitants et aboutit à des propositions concrètes, réalistes et d’intérêt général. “Yes ! Magazine” explique alors l’intérêt suscité par le projet. Les électeurs se sont déplacés, “non pour élire une personnalité qui déciderait à leur place, mais pour leurs propres décisions.“
Aujourd’hui, huit Wards sont engagés dans un processus de “participatory budgeting” et Rahm Emanuel, maire de Chicago, a mis sur pied une équipe spécialisée pour encourager les 42 autres Aldermans à se lancer. L’histoire ne dit pas si l’ancien chef de cabinet de la Maison blanche a inscrit le Budget participatif dans le plan d’action Open Government de Barack Obama, mais cette reconnaissance fédérale, renouvelée en octobre 2015, veut inciter de nouvelles villes à se lancer.