Les techniciens, grands oubliés du Budget participatif ?

Ils analysent les idées, réalisent les projets élus par les citoyens et pourtant ils peuvent être les derniers à découvrir le Budget participatif. Il serait peut-être temps de les inclure à la démarche. « Ils » : ce sont les techniciens et ils sont essentiels à la réussite du Budget participatif.

Travailler en transversalité, casser les silos, associer les habitants aux projets, s’appuyer sur l’expertise citoyenne… Le Budget participatif ne se limite pas à une démarche participative pour les citoyens. Il doit aussi acculturer les services à la participation citoyenne et contribuer à la transformation de l’action publique.

Or aujourd’hui, le Budget participatif est, très régulièrement, réalisé à 50%. Ces 50% sont constitués d’une phase d’appel à projets et d’une phase de vote. Ces 50% peuvent s’enrichir d’une commission citoyenne en charge de réfléchir à la charte de la participation et du contrôle des projets.

Mais alors pourquoi les autres 50% du Budget participatif ne sont-ils pas réalisés ? Et surtout de quels 50% parle-t-on ? Pour rappel, le Budget participatif, c’est un contrat : « Vous décidez, nous réalisons », « nous » indiquant la collectivité. La collectivité réalise des projets.

Le Budget participatif est réalisé à 50% avec pour seule priorité la participation des citoyens.

Se préparer à l’analyse des projets


Et qui, dans les faits, réalise les projets ? Les directions techniques. Ces directions découvrent régulièrement le Budget participatif au moment où lui arrivent les projets déposés par les citoyens. Une découverte diversement appréciée : il s’agit ni plus ni moins de démarrer une phase essentielle pour le vote : l’analyse des projets.

Evidemment, quand il s’agit d’analyser une dizaine de projets, la tâche est surmontable. Mais quand il s’agit de plusieurs dizaines ou centaines d’idées, elle paraît insurmontable. C’est évident, mais le Budget participatif doit aussi se préparer avec les directions techniques.

Préparer l’analyse, c’est d’une part savoir de quoi on parle, anticiper la charge de travail et s’organiser pour la traiter. Cette prise en compte est d’autant plus nécessaire que le Budget participatif ne fait pas que renverser l’organisation hiérarchique avec une démarche ascendante.

Des directions techniques peuvent découvrir le Budget participatif au moment où lui arrivent les projets à analyser, déposés par les citoyens.

L’important, c’est le projet


Il faut aussi prendre en compte une autre dimension. Alors que les missions en charge de la démocratie locale pouvaient être jusqu’ici des supports des directions techniques, il y a sur ce point également, une nouveauté : les directions techniques sont parties prenantes d’une démarche pilotée par les services de la démocratie locale.

Enfin, rappelons-le, la réalisation des projets est la principale attente des citoyens. L’évaluation clermontoise l’a rappelé, en premier lieu, les habitants participent parce qu’ils ont la capacité d’agir concrètement pour améliorer leur ville. L’acte citoyen n’est, bien sûr, pas étranger à la participation. Mais le Budget participatif n’est pas un simple canal de participation et de décision.

Depuis le début de ce mandat municipal, les collectivités multiplient les Budgets participatifs. L’ouverture de la participation citoyenne est régulièrement réduite à la participation des citoyens. Les directions doivent être également associées pour réussir le Budget participatif et, au-delà, acculturer l’administration à la participation citoyenne.

Les citoyens participent d’abord pour les projets. Les directions techniques sont essentielles pour réussir.


Bilan

Le Budget participatif doit inclure tous les agents et en particulier les parties prenantes de la démarche, au risque d’être rejeté en interne. Au-delà, c’est l’inscription de la participation citoyenne dans la conduite de l’action publique qui pourrait être mise à mal. Il est temps d’arrêter de faire les choses à moitié.