Villes pionnières, un réseau pour quoi faire ?

Villes pionnières, un réseau pour quoi faire ?

Qui sont les villes-pionnières du budget participatif et quel est leur réseau ?

Lors des Rencontres nationales des Budgets participatifs de Montreuil en 2017, les élus présentaient leur vision du budget participatif et poursuivaient la réflexion sur un réseau.

Interventions

Rencontres nationales

Grenoble, Montreuil, Rennes et Paris se réunissaient pour la première fois en 2016 pour créer les Rencontres nationales. A Montreuil en 2017, les élus présentaient leur vision du budget participatif et poursuivi leur réflexion sur un réseau.

Pour ces 3èmes Rencontres nationales des Budgets participatifs, il s’agissait de présenter au réseau des villes et collectivités engagées dans le Budget participatif les résultats de l’enquête 2017.

Grenoble, Montreuil, Rennes et Paris se réunissaient en 2016 dans la première citée pour créer les Rencontres nationales des Budgets participatifs. A Montreuil en 2017, les élus présentaient leur vision du budget participatif et poursuivi leur réflexion sur un réseau.

Tania Assouline, Montreuil | Pour une ville jeune et populaire


Montreuil est la 3ème ville la plus peuplée d’Île-de-France avec près de 105 000 habitants, soit plus du quart des habitants de Est Ensemble, territoire de la Métropole du Grand Paris auquel elle appartient. Elle se distingue par la jeunesse de sa population. 26%  des Montreuillois ont moins de 20 ans (la commune a ouvert deux nouvelles écoles à la rentrée). Près de 20% des habitants sont d’origine étrangère.

La ville fait partie des pionnières et s’est engagé dans le budget participatif dès 2015 . Il a lieu tous les deux ans. Cette année, 5176 personnes ont voté, soit près de 5% de tous les Montreuillois. Pour cette deuxième édition, 34 projets ont été élus. Le scrutin permet l’élection d’au moins deux projets par quartier et deux à l’échelle de la ville. Lors de la première édition, les votes suivaient six secteurs, rassemblant chacun deux à trois quartiers (lire l’article).

Pour l’adjointe à la citoyenneté et à la démocratie locale, il est important que dans une ville jeune et populaire, il existe des démarches participatives. Le budget participatif, par son processus, fait aussi oeuvre d’éducation populaire et de pédagogie sur le travail du service public communal.

Pascal Clouaire, Grenoble | Un outil de la transition


Grenoble, capitale de l’Isère, s’inscrit dans Grenoble Alpes Métropole. Elle compte plus 160 mille habitants. Son maire, élu en 2014, est issu parti Europe Ecologie – Les Verts. La ville a la particularité d’avoir un tissu associatif et citoyen très développé avec les Unions de quartier notamment.

La Ville s’est elle aussi engagée en 2015 dans le budget participatif. Depuis l’édition 2017, la ville élit en premier lieu des projets de solidarité (lire l’article). A ce titre, il faut souligner le travail de terrain pour l’inclusion. Du point de vue de l’organisation, une journée de présélection est organisée,  le “Forum des idées”. Son ambiance festive n’empêche pas la ville d’être rigoureuse sur le contrôle au moment du vote.

Pour Pascal Clouaire, adjoint à la démocratie locale, les projets des citoyens sont tout aussi pertinents que ceux des élus. Le budget participatif est l’opportunité de les réaliser.
Pour l’élu grenoblois, le BP est également un outil au service de la transition écologique. Celle-ci appelle à faire ensemble et avec et non plus pour.

Jean-Marie Goater, Rennes | Le lien social


La Ville de Rennes et Rennes Métropole travaillent en complémentarité (lire l’article) pour le territoire. L’arrivée de la grande vitesse dans la capitale bretonne a accéléré la transformation urbaine de cette ville de 215 000 habitants, inscrite dans une région également très dynamique au plan culturel.

Rennes s’est aussi lancée dès 2015. En 2017, plus de 7% des habitants ont voté, essentiellement en ligne. Pour autant, le budget participatif a dès le départ été très présent dans le quotidien et l’espace public avec des agoras citoyennes partout dans la ville et une communication identifiant le programme (lire l’article) et le rendant accessible à tous.

Pour Jean-Marie Goater, adjoint à la démocratie locale, le budget participatif doit aller du “Je” au “Nous” et créer du lien social. En cela, les porteurs de projets ont un rôle important car ils réunissent les habitants dans le temps et génèrent de nouvelles solidarités.

Pauline Véron, Paris | Développer partout les démarches participatives


Paris, la capitale : ses 2,240 millions d’habitants la classe à part. La création du budget participatif en 2014 a eu sans aucun doute un impact sur leur développement en France. La première année, la ville a mis au vote des projets proposés par les services municipaux. En 2015, le BP s’est émancipé et c’est aux Parisiens qu’il est revenu de proposer les idées.

Avec un montant de près de 45 € par habitant, la ville donne des moyens pour les projets, y compris ceux des quartiers populaires qui bénéficient d’une enveloppe de 30M€, gage d’une réorientation des ressources vers les plus défavorisés. Revers de la médaille régulièrement cité : tous les projets ne sont pas conçus / suivis avec les habitants une fois votés.  En 2018, 10% des Parisiens ont voté, un record !

Pour Pauline Véron, adjointe en charge du budget participatif, le programme diffuse la culture de la participation au sein de l’administration parisienne.
Dans un contexte de crise de la démocratie, il se diffuse aussi dans de nombreuses villes de France, démontrant qu’il est possible d’agir concrètement face à ce défi et répondre à l’envie de participation.

Et maintenant, un réseau ?


L’essor sans précédent des budgets participatifs depuis 2014 est une bonne nouvelle pour la démocratie locale et la vie démocratique en général.
La création d’un réseau est un outil pertinent pour poursuivre et accompagner ce développement. Il faciliterait la diffusion des bonnes pratiques et peut-être pourrait en identifier d’indispensables.

Car si les villes engagées veulent à l’avenir faire peser le budget participatif dans le débat public, il sera nécessaire de lui donner une définition claire et commune. Si le réseau aboutit à une définition du budget participatif – par un label par exemple, celle-ci devra être à la fois claire pour limiter les errements et suffisamment souple pour ne pas freiner l’innovation.

Yves Sintomer a présenté son analyse du développement des BP lors des Rencontres nationales à Montreuil.
Yves Sintomer lors des Rencontres nationales à Montreuil.

Les 5 critères du Budget participatif pour Yves Sintomer

Le Budget participatif est un dispositif qui permet à des citoyens non élus de participer à la conception ou à la répartition des finances publiques.  Il s’appuie sur 5 critères :

  1. une discussion explicite de la dimension budgétaire ou financière,
  2. l’échelle de la ville,
  3. la répétition dans le temps (par le fait, difficile à prévoir),
  4. une forme de délibération publique (qui peut aussi avoir lieu en ligne à présent),
  5. un compte-rendu des discussions.

in Yves Sintomer, Carsten Herzberg, Anja Röcke, Les budgets participatifs en Europe, Des services publics au service du public, dès 2008, La découverte, Recherches, Paris, 2008